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La revue colombophile - janvier 1893

Nos portraits :

Médaillon sur la tombe de Prosper Derourad au Père-Lachaise à Paris
Médaillon sur la tombe de Prosper Derourad au Père-Lachaise à Paris.
© 2001, Jean-Marie Derouard


M. Derouard (Prosper)

Chevalier de la légion d'honneur et du mérite agricole,
Président de la fédération colombophile du département de la Seine,
Président de la société colombophile de Paris


Un des maître, les plus célèbres, de la colombophilie française, le grand maître, sinon le doyen des colombophile parisiens, né à Evron (Mayenne le 5 septembre 1838.

Les débuts de celui qui devait être, plus tard, un des plus dévoués collaborateurs du Directeur des Postes et Télégraphes de Paris pendant le siège pour l'organisation du service des dépêches par pigeons voyageurs et l'âme de la colombophilie parisienne, furent des plus modestes.

Quelques paires de pigeons, recrutées ça et là chez des amis et installés dans un colombier de la rue de la Verrerie furent les premiers éléments dont il disposa à son entrée dans la colombophilie active. Dès l'année 1863 il prenait une part brillante aux concours organisés par la société colombophile l'Espérance - qui devait devenir plus tard la Société colombophile de Paris - continuait, augmentait la série de ses succès jusqu'en 1870 et se trouvait, alors, parmi les quelques colombophiles parisiens auxquels étaient réservés l'honneur et la gloire de mettre la province en communications à peu près régulières avec Paris assiégé.

Les démarches que fit vainement mais sans se rebuter pourtant, auprès de l'autorité supérieure, cet homme de bien, ce patriote pénétré des immenses services que pouvaient rendre au Gouvernement et à la population parisienne les pigeons voyageurs seraient trop longues à énumérer ici. Personne en haut lieu ne voulait admettre l'efficacité de ce moyen de correspondance.

C'était beaucoup trop simple. On tergiversa. On perdit du temps. Heureusement, un des membres du Gouvernement de la Défense Nationale dont l'ardent patriotisme devait contribuer, pour une large part, à sauver sinon la fortune, tout du moins l'honneur de la France, loin de rejeter l'idée qui lui était soumise s'empressa, au contraire, de la faire mettre à exécution en écrivant à Monsieur Derouard la lettre suivante :
«Ministère de l'Intérieur - Paris le 18 septembre 1870 - Direction générale des lignes Télégraphiques - Cabinet du Directeur Général- Monsieur Derouard, porteur du présent, est autorisé à requérir partout où faire se pourra et contre remboursement de leur valeur, les pigeons qui lui sont nécessaires pour un service dont il est chargé par le gouvernement. - Le Ministre de l'Intérieur L. GAMBETTA.¼ Muni de cette pièce, Prosper Derouard réunissait, avec l'aide de plusieurs de ses collègues, une centaine de pigeons qui devaient sortir de Paris accompagnés par l'un d'eux ; malheureu-sement l'ordre du départ arriva une heure trop tard. Ce même jour, à 5 heures, le dernier train partait. Paris était définitivement bloqué pour une période qui ne devait pas durer moins de 132 jours, sans autres communications avec l'extérieur que celles qu'allaient lui apporter les pigeons voyageurs.

Quelques jours après, en effet, MM. Traclet, Cassiers et Van Roosebecke quittaient Paris en ballon pour aller organiser à Tours le service des dépêches par pigeons voyageurs, dont M. Derouard eut, à lui seul, toute la charge à Paris. Dès lors commença pour lui une mission des plus difficiles et un labeur des plus pénibles. Il lui fallait aller à la recherche des pigeons et en apporter à chaque départ de ballons, c'est à dire presque chaque jour. C'est ainsi qu'il assista, durant toute la période du siège, au lâcher de 54 ballons que l'Administration dût, pour les soustraire aux atteintes du feu de l'ennmi, renoncer à faire partir le jour.

Il connut alors les longues stations en plein air, au milieu de la nuit, par un froid de 20 degré, les pieds dans la neige, attendant le départ d'un ballon qui, annoncé pour une heure du matin, oscillait encore sur ses amarres à 5 heures.

On était aux environs du 10 novembre ; depuis près de huit jours aucun pigeon n'était entré dans Paris ; la population, parisienne pleine d'angoisses, avide de nouvelles, attendait avec une sorte d'impatience fébrile l'arrivée des petits messagers. Le Directeur des Postes et Télégraphes d'alors, M. Rampont, inquiet lui aussi de ne voir rien venir, dit au président de la fé-dération de la Seine : « M. Derouard, nous comptons absolument sur vous pour avoir une dépêche dans deux ou trois jours au plus. Faites tout ce qui sera possible à cet effet. » Prosper Derouard avait à ce moment dans son colombier une magnifique femelle rouge qui, pour la cinquième fois, revenait à Paris ; la même nuit elle partait pour son sixième voyage. Le surlendemain soir, à la nuit tombante, après une journée d'attente vaine, un pigeon s'abattait comme une flèche dans la cage de son pigeonnier. La fameuse femelle rouge rentrait, pour la sixième fois, chargée d'une dépêche qui fit déborder de joie le coeur de tous les parisiens.

C'était la nouvelle de la victoire de Coulmiers !... hélas ! sans lendemain ...
Les services qu'il rendit ainsi simplement, naturellement durant cette phase terrible de notre histoire, furent immenses et appréciés à leur valeur en haut lieu car, deux ans après, le 23 novembre 1872, il recevait son brevet de Chevalier de la Légion d'honneur, juste récompense de son infatigable dévouement à la Patrie agonisante.

Président de la Fédération colombophile de la Seine depuis 1878, il dirige, avec toute l'aménité de son caractère et la bienveillance qu'il apporte en toutes choses, les travaux de cette importante fédération qui, actuellement, ne compte pas moins de 19 sociétés affiliées. Sa haute compétence, sa longue expérience des choses colombophiles, le travail énorme que lui imposent ses fonctions de président le mettent nécessairement à la tête de la colombophilie parisienne pour laquelle il a un véritable culte.

Possesseur d'un colombier dont la réputation n'est plus à faire, il en dissémine, avec un désintéressement rare, les produits chez tous ses amis - et ils sont nombreux - à Paris, aux quatre coins de la France et de la Belgique.

Aussi ne doit-on pas s'étonner des succès éclatants qu'il obtient, conséquence inévitable d'une carrière colombophile aussi longue et si bien remplie. Outre la décoration du Mérite Agricole, la nomenclature des Vases de Sèvres et oeuvres d'art remportées dans les concours ou offert par ses collègues, serait trop longue à énumérer ; exception, cependant, en faveur de deux superbes coupes d'Urbino de la manufacture de Sèvre et d'un bronze magnifique «La fermière à la poule blessée», offert par la société colombophile de Paris à son Président.
Colombophile émérite, fervent et convaincu, il a, au plus haut point, le goût passionné des pigeons voyageurs pour eux mêmes et non pour les bénéfices qui en peuvent résulter ; ils sont rares, aujourd'hui, ceux qui, comme lui, n'ont aucune idée de lucre dans les concours ; il pourrait, avec Victor Hugo, revendiquer ce vers célèbre : «Et s'il n'en reste qu'un, je serai celui là».

(Renseignements aimablement fournis par Jean-Marie Derouard). 

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Toussaint COPPOLANI
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